2020 ou révolutionner de force sa pratique!

 

UNE CLASSE DE CP ...

 

En REP ou non, la réalité d'une classe est la plupart du temps l'hétérogénéité des niveaux scolaires, des qualités de vie, des particularités (inclusions d'enfants handicapés, d'enfants allophones, enfants possiblement dyslexiques ou souffrant d'un TDA ou HPI)

 

Mes élèves de 2020 regroupaient à eux 11 toutes ces particularités!

Leur nombre permettait de travailler efficacement mais je ne m'ennuyais pas! A noter qu'un d'entre eux n'avait eu que six jours de classe en France et étant arabophone devait apprendre l'alphabet, l'écriture en même temps que la lecture.

 


Annonce du confinement:                    ACTION !

Quelques dizaines d'heures avant l'annonce du président, je sentais le coup venir; il faut dire que l'Oise à moitié confinée n'était pas loin de nous. Alors, il a fallu agir et vite car seuls un tiers des élèves avait une imprimante à la maison.

L'imprimante de la maison et la photocopieuse de l'école ont chauffé.

Ils sont partis le vendredi soir avec dans leurs cartables: leur manuel de lecture et des fiches de révisions dans le lutin, un fichier de math inspiré d'MHM photocopié en catastrophe, un texte intégral avec des fiche de compréhension, leur cahier de leçon où j'ai collé à toute vitesse les petits devoirs troisième trimestre en couleur et les listes de mots troisième trimestre (grand bien m'en a pris!). Petite erreur: je leur ai donné leur cahier de brouillon mais j'ai laissé les cahiers du jour de français et maths à l'école ainsi que leur cahier d'écriture, ils risquent de manquer de cahiers.

Première semaine: plongée dans le grand bain!

Une des meilleure qualités possible pour un enseignant c'est l'adaptation!

S'adapter à de nouveaux outils, s'adapter à la réalité domestique de chacun, s'adapter au télétravail en présence de ses propres enfants sans les négliger...

Un des questionnements  de la première semaine a été: comment rendre ça vivant et attractif? Le deuxième a rapidement suivi car j'ai toujours su qu'on en avait pour un moment: comment enseigner les nouveaux apprentissages? Le troisième était: vais-je réussir à garder tous mes élèves en apprentissage?

Le premier a été vite résolu, les parents étaient mes partenaires et l'art mon vecteur!

Le deuxième s'est imposé dès la deuxième semaine: il me fallait une classe virtuelle.

Le troisième a été résolu par l'outil de base: le téléphone! Les familles en difficulté ont besoin d'un lien de proximité. De plus n'étant pas à l'aise à l'écrit, ils se sentent plus libres à l'oral d'exprimer leurs réussites comme leurs problèmes. Au point où on en est, brisons les barrières et soyons encore plus proches de ces familles-là!

A partir de la semaine 2, la véritable continuité pédagogique démarre!

En plus des programmes quotidiens envoyés par message sur l'ENT de la classe avec en pièces jointes tous les outils nécessaire à la journée (simplifions le travail des parents qui sont souvent eux-même en télétravail), l'apparition de la classe virtuelle a été un véritable bol d'air pour tous les enfants. On redevenait une classe!

S'est imposé aussi le besoin d'une séance du mercredi sans ordre du jour que le plaisir des enfants à partager leurs livres et jeux préférés, leurs doudous, leurs dessins, leurs ressentis.

 

Le SRAN (stage de remise à niveau) m'a paru indispensable pour mes élèves en difficulté et notamment mon allophone fraichement arrivé en France à qui je vais donner des cours particuliers.

 

Mon élève autiste pioche avec ses parents dans tout ce que je propose et un dialogue régulier avec la famille me permet de m'adapter.

 

Alors le secret c'est que chaque semaine on doit se réinventer et mon prochain projet est d'écrire un livre numérique avec eux.